Ce dispositif AED –R a été mis en œuvre suite au repérage des besoins d’interventions de proximité en faveur des parents, dans la prise en charge de leurs enfants au cours des premières années, et/ou pour prévenir la dégradation de situations familiales en renforçant les actions autour des difficultés du quotidien.
Ces mesures se situent dans un cadre administratif, avec un accord d’intervention modifié signé par la famille auprès de l’Inspecteur de Protection des Personnes. Il s’agit d’une mesure d’AED renforcée, avec l’intervention de TISF à domicile, et la participation mensuelle à des actions collectives.
Une équipe dédiée, composée de travailleurs sociaux et de travailleuses familiales, a mis en œuvre ce dispositif.
Dans une première phase d’expérimentation, le dispositif « soutien à la parentalité » a concerné le territoire de Roanne ville et couronne.
Il est prévu pour des enfants entre 0 et 6 ans :
- Parents jeunes, ayant des difficultés repérées du côté de la parentalité,
- Parents fragiles dont des ainés ont connu des suivis ou des situations de placement.
La capacité était fixée à 12 mineurs en continu soit 8 à 10 familles.
Les mesures, initialement envisagées sur une durée de 9 mois, ont été contractualisées pour 6 mois en première intention, et renouvelées pour 3, 4, 5 ou 6 mois.
L’expérimentation s’est déroulée sur 14 mois, d’avril 2015 à juin 2016.
Une convention partenariale de mise à disposition du personnel TISF a été signée avec l’ADAFAD.
Il s’agissait de mettre en place une mesure « intensive » pour soutenir des parents en difficulté avec un jeune enfant :
À partir du domicile, une action individualisée pour soutenir chaque parent en difficulté dans le faire (avec intervention TISF),
Et dans le cadre d’une action collective, pour valoriser les compétences parentales dans la relation avec l’enfant et favoriser leur inscription dans les dispositifs de droit commun.
Objectifs de l’intervention TISF :
- Contribuer à l’identification des situations de risque pour l’enfant,
- Faire émerger les savoir-faire des parents,
- Partager des actions au quotidien qui veilleront à donner des repères éducatifs aux parents et à l’enfant.
Objectifs de l’action collective pour aider les parents à :
- Disposer d’un lieu d’écoute et d’accueil,
- Consacrer du temps spécifique à leur enfant,
- Partager et questionner des difficultés et des expériences avec d’autres parents,
- Identifier leurs difficultés et bénéficier activement du soutien des professionnels,
- Repérer les compétences de leur enfant et éprouver des moments de plaisir avec lui.
Sur les 3 équipes de Roanne, le dispositif a concerné 4 TS (mesure financée double), 2 TISF à 0.50 ETP, les 2 CSE étant en référence dans un souci de continuité.
L’organisation de ce dispositif a conduit à des prises en charge soutenues, réactives, lesquelles se sont révélées contenantes et enveloppantes pour les parents. Le dispositif s’est avéré précieux dans sa fonction de soutien à la parentalité et de nature à apporter une plus value susceptible d’éviter des situations de placement (intervention à plus grande fréquence, présence soutenue de professionnels communiquant en temps réel et donc très réactifs sur le vécu familial, élaboration de repères éducatifs fondamentaux sur les questions essentielles).
Les cadres d’intervention diversifiés (visites à domicile avec accompagnement sur des temps spécifiques en direction des enfants, des temps d’actions collectives sur le lieu d’accueil parents/enfants (L.A.P.E.), des entretiens parentaux) ont interagi pour donner du matériau du côté des observations, et permettre ainsi un ajustement des éléments à mettre au travail.
Le dispositif s’est aussi révélé adapté pour inclure les pères, favorisant qu’ils prennent leur place, se sentent soutenus dans leur rôle, et légitimés dans leur fonction.
Lors des actions collectives, les enfants ont bénéficié de temps privilégiés où les parents étaient disponibles pour eux, à l’écoute, sans parasitage des contraintes habituelles du quotidien… Les enfants ont vraiment apprécié ce temps dédié, partageant du lien affectif, bénéficiant du regard porté par leur(s) parent(s) sur eux.
Le petit périmètre du dispositif, prévu pour 12 enfants et qui n’est pas monté à pleine capacité, n’a pas permis une expérimentation plus large, limitant la dynamique collective qui s’engageait. La constitution de groupes d’âge pour les actions collectives s’en est trouvée annulée. La question des écarts d’âge s’est posée, avec des différences ne permettant pas de répondre au plus près des situations, par manque de mesures contractualisées.
Il est dommageable que ce dispositif n’ait pu être utilisé pour des mesures judiciaires.
Ce dispositif a été globalement valorisé par les parents qui y ont participé, et par les partenaires qui l’ont approché de près (PMI) ou observé par ricochet (SSD, collègues travailleurs sociaux).
Des ajustements se sont faits au fur et à mesure de l’expérimentation, permettant rapidement d’avoir une équipe très investie, de définir précisément les contours de l’intervention, et de décliner des outils spécifiques au service de cette mesure.
Corinne BERTRAND
Chef de Service Educatif